Grande sœur de Leucade, située plus au Nord, Céphalonie/Kefalonia est la plus grande et la plus montagneuse des Ioniennes. On la connaît pour une espèce particulière de pins qui ne pousse qu’ici, pour son mont Aïnos qui culmine à plus de 1600 mètres, pour son parc national où vivent en liberté des chevaux sauvages, ses côtes où viennent se reproduire tortues de mer et phoques moines. On y ajoute un vin local très reconnu (le Robola), des grottes et des lacs souterrains, la plage de Myrtos la plus photographiée de Grèce, des villages de pêcheurs de carte postale… une île donc qui mérite le détour.
Tout ceci est bien réel mais reste digne du dépliant touristique. Il se dégage de cette île un sentiment d’apaisement, de respiration profonde et facile en même temps, grâce à ses grands espaces ouverts : les hautes collines n’étouffent pas, les vallées s’épanouissent sans asphyxier, les routes de montagnes dégagent à chaque large lacet des rivages amples et généreux. On y enverrait bien quelques phtisiques s’y refaire les poumons. Ces 1 000m² permettent aussi à chacun d’y trouver le point de chute qui convient le mieux, selon ses attentes et son niveau de misanthropie : du chef lieu très touristique, vivant et animé (Argostoli), aux stations balnéaires pensées pour les touristes qui pratiquent la bronzette à outrance (Skala, Lassi), en passant par les villages de montagne intérieurs, calmes et silencieux et les petits ports dissimulés aux trop pressés, il serait étonnant de ne pas dénicher son havre de paix. Cette mosaïque permet au voyageur de ne jamais s’ennuyer à Céphalonie.
Si cette île n’a rien de mémorable, de remarquable (Oui, je sais, Assos, Fiskardos…mais très touristiques tout de même), elle est paradoxalement celle d’où on a le plus de mal à s’extirper. Elle accueille, elle reçoit, elle propose et on s’y fond paisiblement, comme si notre empreinte nous y attendait déjà. Ardu ensuite de détacher la patelle de son rocher.
Je soulignerai pour finir l’extrême gentillesse des habitants de l’île qui vous adoptent très rapidement (je parle hors saison…), heureux de vous voir ressentir leur île avec autant de délice et de béatitude.