Si toutes les Cyclades se ressemblent, toutes se distinguent. On passe dans certaines, on s’attarde dans d’autres et on revient dans quelques unes, Sifnos fait partie de celles-ci. Île des Cyclades de l’ouest, elle offre au premier regard les mêmes maisons cubiques blanchies à la chaux, les coupoles bleues des églises, la rareté de sa végétation et les plages d’eaux claires.
Mais on respire surtout une quiétude quasi palpable, une douceur et un parfum de sauge. Pas encore défigurée par le tourisme, sa campagne reste vierge de constructions anarchiques. Je vous conseille de vous loger au chef lieu Apollonia ou à Ano Petali (quartier d’Apollonia situé un peu en hauteur), pour la bonne raison que les bus rayonnent à partir de là. Je recommande la Pension Geronti, hôte sympathique qui nous gava de gâteaux maisons et de tourtes fraîches aux épinards, comme nous baragouinons quelques mots de grec. Ah oui, essayez vraiment avant votre départ de France de potasser un peu l’alphabet et le vocabulaire de base : en Grèce on parle grec, pas anglais. Les locaux y sont très sensibles et vous verrez tout d’un coup arriver sur votre table des petits suppléments offerts de bon cœur, des vieux papis grecs vous sourire sur les chemins de rando et vous offrir des fruits de leurs vergers pour remercier vos efforts. Cela ne coûte pas grand-chose et vous passerez un peu moins pour des touristes « sea and sun ».
Sifnos distille son charme harmonieux au fur et à mesure des balades : elle n’a pas la vitalité de Paros, l’âpreté d’Amorgos, les contrastes de Milos ou la splendeur de Santorin. Elle reste un peu à l’écart, discrète, délicate et secrète. En fin de printemps, ses plages sont encore désertes, les petits villages (Artemonas, ancien quartier des puissants de l’île abrite de magnifiques demeures de maîtres et Kastro, l’ancienne capitale, vous racontera l’histoire médiévale de l’île) valent à eux seuls le déplacement. Les baies bien abritées cachent des petits ports où rien de semble avoir bougé depuis des décennies (Cheronissos, Faros, Vathy).
Sifnos séduit ceux qui recherchent une île encore rurale, apaisante, où les insulaires sont plus nombreux que les touristes, et qui durant quelques jours savent se glisser dans le rythme nonchalant des rêveurs. On se pose à Sifnos, on arrête sa montre, on prend le temps de regarder les moutons passer en sirotant son ouzo et on médite comme un vieux sage.