Sur ce blog, les billets d’humeur se font très rares – pas envie ni besoin d’étaler mes états d’âme.
Pourtant, la décision de Bruxelles de lever aujourd’hui 300 000 000 d’euros en 24 heures pour la Grèce (en court-circuitant totalement le Parlement !) mesure la panique qui règne en haut lieu. Imaginer un seul instant qu’il s’agisse d’une largesse faite la main sur le cœur serait bien naïf : Bruxelles vient de ratifier la « mutation » d’un pays européen en gigantesque camp de réfugiés. C’est officiel, c’est gravé. Tsipras est prié de garder les « indésirables » chez lui et on dégaine pour cela le chéquier, comme on a tenté de le faire avec Erdogan (avec les résultats que l’on sait). L’Europe admet qu’elle a minimisé la crise, que 2016 va être très compliquée et que faute de mieux, elle sacrifie un pays de l’Union Européenne.
Les expats, les blogueurs, les amis qui vivent avec au moins un pied en Grèce, tous nous racontent depuis un an une tragédie annoncée. Nous l’avons vu lors de nos propres voyages (Lesbos en mai dernier, ce n’était déjà pas de tout repos pour les locaux) et revu (Athènes se couvre de migrants, ce n’est pas un fantasme, j’en parlais dans ce post de janvier). Que Merkel (qui n’est, à ce que je sache, pas Présidente de l’Europe) ait besoin d’une main d’œuvre bon marché est une chose. Qu’elle allume le feu en demandant ensuite aux Grecs de l’éteindre en est une autre. Ce que Schaüble avant commencé, la chancelière l’a terminé. Je n’ai aucune idée du devenir de la Grèce ni comment elle va pouvoir gérer sur le long terme la fermeture des frontières du Nord. Mais qu’on s’essuie encore une fois les pieds sur ce pays est insupportable. Et le rendre responsable de ne pas savoir garder les frontières extérieures de l’Europe (comme on l’entend beaucoup à Bruxelles) confine à la malhonnêteté la plus crasse. Évidemment, il faut venir et revenir en Grèce, qui ne doit pas, en plus, perdre la seule ressource qui lui reste.
Merci pour cet article. Je suis également révoltée par le cynisme de Bruxelles et le silence français… Les frontières que l’on accuse la Grèce de ne pas savoir protéger sont des frontières maritimes, avec îles et îlots, mais cela n’est jamais pris en considération ni même rappelé, et l’autre frontalier c’est la Turquie…Quant à déployer les forces de l’OTAN en Egée, c’est tout simplement grotesque, d’autant que la Turquie ne les laisse pas approcher de ses côtes… C’est Merkel qui de fait « gouverne » l’Europe : et le Parlement européen fait le gros dos
Oui, ne m’en parle pas, je tente chaque matin d’aller à la pêche aux infos chez les blogueurs grecs et ce que je lis me fait dresser les cheveux sur la tête. Les chiffres annoncés des réfugiés que la Grèce va devoir garder sur son territoire sont totalement sous-estimés, on parle en « off » d’un million sur l’année 2016. Mais la Grèce est peuplée de 10 millions d’habitants. C’est impossible à tenir ! les hôpitaux ont lancé un appel au secours pour des produits de base, déjà indisponibles pour les Grecs, alors pour les migrants… mais on vogue en plein délire. Les Turcs se foutent de nous, et comme tu le dis si bien, refusent de voir les bateaux de l’OTAN dans leur eaux. Évidemment, c’est eux qui entretiennent le trafic ! Tout est mensonge, enfumage et cynisme. Quand ça va nous péter au visage, faudra pas que les grands de ce monde viennent chouiner !
Je ne parle pas de politique sur la blogosphère, parce que je veux garder un îlot sans souci et que je pense que l’on est déjà envahi par les mauvaises nouvelles… Mais, là, en effet, je suis scotchée par l’irresponsabilité de l’Europe. Et je me fais du souci pour les temps à venir quand on voit l’incapacité de nos dirigeants…
Je ne supporte plus de voir ces cohortes refoulées, comme les images du début du 20e siècle… et tout cela dans une indifférence presque générale. Comme si c’était la vie, comme si c’était normal!
Et que cela touche la Grèce qui n’avait pas besoin de ce problème supplémentaire m’inquiète aussi évidemment. Mais ce serait la même chose pour un autre pays qu’on laisserait se débrouiller seul face à un problème qui dépasse de loin le cadre régional…