Si j’en crois le verdict attesté par ma balance, la cuisine corfiote n’a pas été sans conséquences sur ma ligne… la présence vénitienne a laissé bien des traces dans les assiettes, et c’est tant mieux, pour varier les saveurs tout au long d’un séjour.
Il Vesuvio, 16 Odos Guilford – Corfou ville (2x)
Resto napolitain sympathique et généreux ; faites l’impasse sur les entrées (et pourtant, que les involtini d’aubergines sont bons !) car les plats de pâtes sont bien servis. Gnocchi, linguine aux fruits de mer, tagliatelles à la roquette et aux crevettes, tout est bon, ultra frais.
La Famiglia, Kantouni Bizi, ruelle perpendiculaire à Nikiphoros Théotoki – Corfou ville (2x)
Comme son nom l’indique, trattoria familiale chaleureuse dans la plus pure tradition, avec nappes à carreaux et bougies. Clientèle plutôt locale. Antipasti sympas, bonnes salades, véritables linguine aux vongole, excellentes linguine au pesto. Bonne ambiance, on s’y sent bien. Fermé le dimanche.
Bellissimo, platia Lemonia, perpendiculaire à Nikiphoros Théotoki – Corfou ville
Comme son nom ne l’indique pas, cuisine plus corfiote qu’italienne, où l’on vient goûter les spécialités locales ; le bourdeto (poisson accompagné d’une sauce tomate bien épicée, d’origine vénitienne), la pastitsada (coq ou bœuf mijoté dans une sauce tomates-oignons-cannelle-piments, servi avec des pâtes) ou le sofrito (fines tranches de veau ou de bœuf dans une sauce à l’ail). Le reste de la carte propose des plats grecs plus standardisés si vous avez peur de vous lancer.
New Fortress, 26 Odos Solomou – Corfou ville
Taverne classique, très touristique et sans prétention au pied de la nouvelle forteresse… bon plat de poisson frais plus salade.
Beaucoup de bars sympas, certains très branchés, d’autres plus calmes et familiaux, à mesure qu’on s’éloigne du Liston et de ses arcades ; fermez votre guide et allez-y à l’instinct. Passez tout de même au Bristol (Odos Evgéniou Voulgareos), la déco intérieure et ses ampoules valent le coup d’œil. Et pour changer de la Mythos, de la Fix ou de l’Alpha, goûtez à la bière locale, la Corfu beer Real Ale, non pasteurisée et non filtrée, presque rouge, qui rappelle les bières belges, et la Royal Ionian, une blonde très douce. Á éponger avec les pâtisseries locales.
Le kumquat est à Corfou ce que le mastic est à Chios, une manne ! En Europe, Corfou et la Sicile sont les deux seules îles qui cultivent ce petit agrume, avec lequel je n’ai d’ailleurs aucune affinité. Mais j’en connais un qui en raffole et qui en a ramené une palanquée… confis, au sirop, en liqueur, en qumkacello, pour aromatiser les loukoums, la pâte de figue, on en trouve sous toutes les formes. La liqueur est pour moi imbuvable, sucrée, poisseuse, très écœurante. On frôle l’overdose devant les bouteilles aux formes de l’île qui semblent se trémousser sur les étals.
Á Corfou-ville, nous avons logé, une et deux, puis trois fois à l’hôtel Arcadion, angle d’Odos Vlassopoulou et de Kapodistriou, au-dessus du Mac Donald, très bien situé, avec vue sur la Vieille Forteresse éclairée. Les balcons donnent sur la place, ce qui est un peu bruyant les vendredis et samedis soir mais le spectacle est là, lorsque les corfiotes envahissent les lieux, comme les Italiens à l’heure de la Passeggiata.
Nous sommes revenus à plusieurs reprises (au grand amusement du staff !) dans ce camp de base puisqu’aucun village du Nord n’a su nous séduire. Un membre du personnel nous a regardé avec effarement lorsque nous lui avons demandé, déçus de nos virées, où trouver un lieu « wild and unspoiled » sur l’île. Il a commencé par nous rappeler que Corfou est la deuxième île grecque la plus fréquentée après la Crête (oui, on avait vaguement remarqué une certaine similitude dans le bétonnage…) et a mis un peu de temps avant de pointer du doigt un périmètre au Centre puis au Sud de notre carte. Ce n’était pas gagné…
Et pourtant, son index avait eu raison de nous orienter sur un petit bout de la côté Sud Est, à Boukaris, minuscule port de pêcheurs où nous avons trouvé notre bonheur, en dépit d’une addition exécrable pour un mois de mai, pluie + vent. Boukaris, c’est une poignée de bateaux de pêche, deux tavernes, deux hôtels, un petit supermarché, une dizaine de maisons particulières et une magnifique situation sur la mer. Quand je dis la mer… étonnamment, l’endroit, par son calme, son silence, rappelle davantage la tranquillité d’un lac ou d’une lagune. Les familiers du lac Majeur ou du lac d’Orta ne se sentiront pas dépaysés. Nous nous sommes posés au Golden Sunset (vu la météo, pour le Sunset, on repassera !), visiblement bien connu des touristes allemands. L’hôtel vaut le détour pour sa table, la maman des gérants officiant d’une main de maître dans les cuisines. Le poisson passe directement de la mer à votre assiette : daurade (pas d’élevage, une vraie), bar, puis calmar farci… nous avons franchi les trois marches de la béatitude gustative. Il a fallu à chaque repas attendre ses mets de roi (compter 45 minutes) mais la précision de la cuisson et le résultat en bouche en valaient largement la peine. Comme quoi, en cherchant bien, il peut y avoir encore des endroits préservés à Corfou…
Moi non plus, aucun village de l’intérieur n’a pu me séduire (1ère fois à Corfou en juin 2015) : heureusement qu’un ami m’avait conseillé Boukaris ! Et à l’opposé de Boukaris, sur la côte Ouest, une petite plage de sable sans prétention, très bien pour les enfants, et pour se restaurer et se protéger du soleil de l’am, on laisse ses affaires sur la plage et on se réfugie dans l’une des 2 tavernes !