Si l’envie de la Grèce vous picote l’épiderme quand il fait détrempé et grisounet à Paris sous les flots, nul besoin de béer devant votre calendrier en attendant des jours soleilleux. Athènes en hiver est le bon plan pour se remettre du bleu partout. Je ne sais pas si nous avons eu beaucoup de chance ou si chaque année nouvelle s’ouvre sur  un climat aussi radieux mais je ne m’attendais pas à cette caresse de l’astre solaire, à ces températures printanières, et à ce ciel azuréen. Certes, il a plu à seaux très généreux le dernier jour, mais Nauplie sous la pluie, c’est tout aussi joli. Cependant, laisser choir pull, écharpe et caban pendant 8 jours était inespéré.

Pour les coutumiers d’Athènes entre mai et septembre, le contraste avec la ville en janvier est saisissant. On y respire enfin ! Oublié le galimatias de langues, l’oreille ne perçoit qu’une mélopée grecque, les sites archéologiques n’attendent que vous ou presque,  les rues sont d’un calme impressionnant, Plaka est silencieux à 21h (!!!) et dans les tavernes, vous vous retrouverez bien souvent les seuls touristes. Les tauliers finiront fréquemment la soirée à votre table, corrigeant gentiment vos fautes de grec (désespérant, je n’y arriverai jamais !), souvent amusés de la vision un peu trop culturelle et passéiste de leur pays que les Français trimballent avec eux. Et le fait de résider une grosse semaine, permet d’être plus curieux gustativement et de laisser les incontournables Palia Taverna tou Psara et autres Scholarchio Ouzeri Kouklis pour de nouvelles rencontres.

 

To Kafenio, Epicharmou 1 /Plaka

Tout à côté du Scholarchio, dans un quartier très touristique, table moyenne qui doit beaucoup à son emplacement calme et à sa jolie salle. Cuisine toute simple mais inégale (choisir les plats annoncés « maison » plutôt que les classiques beignets de courgettes ou croquettes de légumes, clairement industriels). Féta étonnamment caoutchouteuse. Préférez clairement le Scholarchio.

Evcharis, Adrianou 49 /Monastiraki

Testé au déjeuner et au dîner. De l’ambiance, vu l’importante fréquentation. La salle du fond sous verrière est bien engageante avec sa jolie déco, musique le soir. Très bon agneau au four en papillote (arvaki), salades très fraîches. Beaucoup plus de Grecs que de touristes malgré l’adresse.

Dia Tafta, Adrianou 37 /Monastiraki

Dans la même rue que le précédent, un peu plus loin lorsque l’on va vers la station Thissio. Malgré des chaises de paille inconfortables au possible, bon repas de taverne, sans surprise mais réconfortant. Assiettes généreuses, trois mezzés sont suffisants pour rassasier le soir deux estomacs.

Ciccus, Andrianou 31 /Monastiraki

Ciccus est le lieu où nous prenons souvent un verre (pas sur sa terrasse très fréquentée mais à l’intérieur, sous sa verrière, pour la déco), ouzo pour J-P, Aperol Spritz pour moi. Coincés un soir de fin septembre par un temps exécrable, nous y avons dîné, faute de pouvoir mettre un pied dehors sans être immédiatement douchés. La carte est plus « moderne » que les tavernes habituelles et nous avons été assez étonnés de la qualité des plats, et surtout par la carte des vins (attention, l’addition peut très vite s’envoler). Un plan B (effectué de nouveau en janvier, par grosse flemme) qui s’est révélé plus que convenable.

To Steki tou Ilia, Eptahalkou 5 /Thissio

Pas facile à trouver, cette psistaria ! Prendre à droite, dans le chemin sous les arbres, juste après la station de métro, ne surtout pas remonter Apostolou. Vous ferez un saut dans le temps et l’espace. L’établissement semble ne pas avoir bougé depuis des décennies, avec ses nappes à carreaux, ses murs couverts de lambris et ses tonneaux en hauteur. C’est Grec de chez Grec, ça parle haut, ça fume beaucoup et ça boit sec. Courte carte, les locaux viennent pour les païdakia de haute volée. J’en connais un qui s’en lèche encore les doigts… Deux merveilles trouvées dans la traduction très poétique des plats en français : Tirokafteri devient trempette dans le fromage épicé et les Païdakia, lait de brebis… le repas n’a pas commencé mais vous êtes déjà de bien belle humeur…

Nikitas, Agion Anargyron 19 /Psiri

Ne cherchez plus To Zidoron, juste à côté, remplacé désormais par un café

Bonne cantine de déjeuner, blindée à partir de 14h30 par les employés du coin. Plats du jour à la craie sur l’ardoise murale, pas toujours faciles à déchiffrer. Le plus simple, aller en cuisine et choisir sur place. Service souriant. Bœuf mijoté à la tomate et aux petites pâtes (kokkinisto me kritharaki) goûteux.

To Krassopoulio tou Kokkora, Esopou 4 /Psiri

Voilà le genre d’endroit comme on les aime, où on se sent bien sans savoir pourquoi, où l’on revient sans se poser de question. Un lieu vite familier, où l’on a l’impression de dîner depuis des lustres, comme en famille. Très belle déco de chineur bien chargée (transistors collector, vieilles horloges, gravures de mode, affiches d’époque – en tout cas pas de la nôtre -, photos des années cinquante, certaines un peu coquines mais il faut s’approcher de très près pour les voir), bref, plus une place sur les murs. Produits d’excellente qualité (tourte à la courgette succulente, poulet au yaourt et au miel fondant, plats aux saveurs de l’Asie Mineure, desserts maison) et vin chaud à la cannelle en pousse-café. Propriétaire avenant qui aime papoter avec les étrangers et éclairer la crise grecque de ses réflexions toutes personnelles. Gay friendly aussi.

Pour prendre un verre, avant ou après, The Party, plus haut en remontant Karaiskaki.

Oineas, Esopou 9 /Psiri

Dans la même rue que le précédent. Resto fréquenté par les Grecs et par les touristes. Belle déco chinée à l’intérieur et carte très sympa, qui propose de bonnes salades (boulgour, lentilles, tomates séchées), de la féta au miel, des légumes grillés et des plats de viandes savoureux ; ça ne désemplit pas jusqu’à très tard et pourtant le service reste sympa et souriant (patronne un peu portée sur la boisson qui peut devenir collante…)

Psistaria Achilléas, Valtetsiou 62 /Exarchia

Taverne de quartier, fréquentée par les habitués et ce jour-là par quelques prof’s de fac. Service un peu bourru mais l’assiette de briam nettoyée en cinq minutes mettra le sourire aux lèvres du serveur. Bons mezze. Sans surprise mais couleurs locales assurées.

Diporto Agoras, à l’angle de Théatrou et de Sokratou /Omonia

Taverne à l’ancienne, en sous-sol, non indiquée donc, ouvrez l’oeil, les deux trappes sont marrons. Pas de carte, le patron débite les 5 plats du jour (ou vous demandera de le suivre derrière les fourneaux et vous renverra à votre table avec un « κάτσε » bien claquant !) Deux plats de légumes, deux de viande, une salade et des sardines. Simple, copieux, pas cher, mais on descend surtout pour un joli voyage dans le temps. Salle tapissée de tonneaux, ambiance typiquement athénienne, bonnes ondes, atmosphère détendue. Vous aurez du mal à remonter à la surface ensuite !

Athinaïkon, Thémistokléous 2 /Omonia

Vieille taverne fondée en 1932, où l’on croise touristes et locaux. Bon assortiment de mezze, plats copieux, bonnes ondes, on en redemande et on y retourne.

O Andreas, Themistokléous 18 /Omonia

Toute petite ouzeri cachée dans une ruelle qui coupe Themistokléous sur sa gauche, lorsque l’on descend d’Exarchia vers Omonia. On y vient pour sa longue carte d’ouzo, ses produits de la mer très frais (sardines, poulpes, calmars…) et son atmosphère vraiment grecque (pas un seul touriste à chacun de nos passages). Une bonne taverne de quartier où il fait bon se poser aussi sous l’auvent, quand la pluie tombe à pleins baquets.

Klimataria, Platia Theatrou 2 /Omonia

Taverne traditionnelle à laquelle on s’attache vite ; décor sympa, vigne qui dégringole et barriques de vin, musique à partir de 22h certains soirs, fréquentée bien davantage par les Athéniens que par les touristes. Les plats mijotés cuisent des heures sous des espèces de grosses cloches pour un fondant et une saveur délicate. Selon mon carnivore, leur agneau talonne de très près celui d’Amorgos, pour le moment jamais égalé. Pour les mangeurs de verdure, très bon ragoût de légumes aux herbes et au citron. Cuisine sans chichi mais qui ouvre l’estomac et vous met de bonne humeur. Service enjoué et souriant.

Karamanlidika, au croisement de Sokratous et d’Evripidou /Omonia

Épicerie de quartier aux saveurs d’Asie mineure, où l’on déguste les produits phares, les fromages et la charcuterie. C’est brut, bien envoyé, on est à Omonia, que diable ! Comme les noms des produits étaient pour nous un peu nébuleux, on a laissé le garçon choisir à notre place ; assiette de fromages et de pastrami et deux sortes de saucisses de Cappadoce. Goûtez, picorez et on laisse loin derrière la moussaka et le tzatziki, pour d’autres saveurs, et des goûts plus épicés et marqués. Vraiment traditionnel, et super ambiance.

Paradosiako Oinomageirio, Voulis 44A Syndagma/Plaka

Á deux pas de la flopée d’hôtels des rues Apollonos et Mitropoléos, toute petite taverne familiale sympathique, grecque à l’heure du déjeuner, fréquentée par les touristes le soir. Plats simples de taverne, poissons du jour, pas chers et copieux. Mais un peu bruyant car situé en angle de deux rues très fréquentées.

O Tzitzikas kai o Mermygas, Mitropoleos 12-14 /Syndagma

Changement d’ambiance avec un resto plus jeune dans sa déco design et ses plats plus originaux. Salade d’épinards bien troussée, mille feuilles de légumes entre deux fromages de mastelo, feuilles de vigne fines et parfumées, riches d’herbes et de feta, une cuisine moderne et légère. Tsipouro avant le dîner, liqueur de mastic à la sortie. Desserts au poil !

The Greco’s Project, Nikis 9 /Syndagma

Si votre ferry arrive au Pirée vers 15h30, que vous avez huit heures de traversée à jeun dans les jambes et que votre petit-déjeuner pris à 6h00 vous semble bien loin, où grignoter dans le quartier de Syndagma vers 17h, après vous être dessalés sous la douche à votre hôtel ? Trop tard pour un vrai déjeuner, bien trop tôt pour un dîner, pas envie de sucre à la pâtisserie du coin, nous avons donc tenté ce nouveau lieu à l’angle de Mitropoléos et de Nikis. Un peu branchouille, mais l’assiette, sans être transcendante, s’est révélée honnête et pas chère.

Sardelles, Persephonis 15 /Gazi

Comme son nom l’indique, taverne de poissons de bonne tenue dont les prix varient selon le produit de la mer que vous choisissez. Il y en a pour tous les goûts, toutes les bourses, selon l’arrivage du jour (poissons frais, mais aussi salés ou fumés). Pour les viandards, alternative carnée avec Butcher Shop à côté, appartenant au même proprio.

Kanella, Konstantinoupoléos 70 /Gazi

Resto découvert par hasard en arpentant le quartier. Rien à voir avec une taverne, il s’agit d’un lieu lumineux à la déco tout à la fois simple mais tendance. La carte est imaginative et propose des assiettes plus originales que la sempiternelle horiatiki et autres tiropites ; très bons plats de pâtes, viandes sautées relevées, salades sympas, saveurs méditerranéennes bien marquées en bouche, c’est vif et bien troussé. Service jeune et souriant.

Odos Mitropoléos et Apollonos alignent un bon nombre d’hôtels (Amazon, Central, Hermes, Plaka…). Si comme nous vous faites la moue devant les petits déjeuners aseptisés, allez réveiller vos papilles à la pâtisserie Chatzi – καφεζαχαροπλαστεία Χατζή (5 odos Mitropoléos). D’accord, le service est souvent limite mais les employés doivent à la fois servir rapidement les habitués de leur café matinal préféré et supporter les atermoiements des touristes perdus devant les vitrines de  gâteaux, de feuilletés, de riz au lait, de crèmes… et qui demandent des doubles expresso, des oranges pressées et des yaourts au miel alors que la queue s’allonge, s’allonge… hein J-P, y’en a un à qui ça parle ??? 

Toujours pour les becs sucrés, deux adresses de choix à Nauplie, Glykos Peirasmos, 10 Plapoutos et la pâtisserie Katsigiannis, 18 Staikopoulou, après le café qui fait l’angle où se retrouvent les jeunes. Chez la première, on savoure des bouchées de pâte d’amandes d’une finesse à rouler par terre et des biscuits craquants croquants gourmands. Chez la seconde, vous entrez dans le temple des gâteaux orientaux (pâte filo, miel, noix, miel, pistache, miel…). J’y suis venue un peu par hasard, avec les dents en avant après 2h30 de bus depuis Athènes et la simple tyropita était déjà renversante de délicatesse, certainement la meilleure jamais dégustée.