On ne vient pas uniquement à Paros pour sa dolce vita, ses jolies plages de sable, le port de Naoussa, mais aussi pour ses très beaux villages intérieurs, bien desservis par les bus qui vous emmènent vous baigner à Logaras, Pounda ou Golden Beach (Chryssi Akti). C’est tout simple, il suffit de suivre la ligne, de descendre vous promener et siroter un café, et de reprendre le bus suivant jusqu’au prochain village.  Même s’il n’y a pas grand’ chose à voir à Marathi, cette première étape est célèbre pour ses carrières, exploitées depuis l’antiquité pour la blancheur, la transparence et la finesse de son marbre. Extrêmement fragiles, seules de petites statues pouvaient être sculptées dans ces blocs : l’Hermès de Praxitèle, la Victoire de Samothrace, la Vénus de Milo, la Victoire de Paionios sont sortis des entrailles de Paros. Ce marbre d’exception est appelé « lychnitis », car extrait à la lueur des lampes à huile (Ληκυθος) des esclaves. Les carrières ont été exploitées de nouveau durant une partie du XIXe siècle, (les ruines des bâtiments sont toujours visibles) et ont servi, entre autres, aux bas-reliefs du tombeau de Napoléon.

Plus loin, on arrive à Kostos, tout petit village tranquille, doté de deux églises, d’une mignonne grand’ place, d’une taverne ombragée et de son kafeneion ; quelle que soit l’heure à laquelle nous passons, nous y voyons toujours un ou de deux popes attablés, papotant avec les papis du village. C’est fou comme en Grèce il existe des lieux où il est si difficile de s’extirper, une fois bien calé devant un frappé ou une Fix… la quiétude, le silence, la discrétion des habitants engendrent une forme de béatitude que l’on attrape très facilement.

Mais il est temps de repartir pour Lefkes, ancienne capitale de l’île, dont les maisons cubiques blanches (λευκος) dégringolent en amphithéâtre. Un peu en hauteur, entouré de collines en terrasses, sous la protection de vieux moulins, Lefkes déroule ses étroites ruelles bordées d’églises, de belles demeures classiques et d’habitations toutes simples bien fleuries : lacis de chemins dallés, de placettes, de murs chaulés, Lefkes n’a cependant rien d’un village de carte postale pour touristes : écoles, tavernes, cafés, les habitants y mènent la vie de tous les jours sans penser à défigurer le lieu pour vider les poches des visiteurs. Nous nous sommes de nouveau cassés le nez sur les portes décidemment souvent closes de l’église Aghia Triada, dont les guides chantent des louanges extasiées, pour ses ornements de marbre (iconostase, chaire, trône épiscopal) et ses icônes. Vous pouvez toujours vous consoler en allant faire un tour derrière l’église, sous les grands pins, jusqu’au cimetière où la vue sur les collines, jusqu’à la mer, est splendide. Si votre estomac commence à se manifester, remontez sur la place principale en haut du village et attablez-vous chez Clarinos, taverne familiale simple et conviviale, fréquentée par les gens du coin. De bonnes grillades pour les amateurs, goûteux plats de légumes pour les autres.
  

En continuant vers la mer, on passe par Marmara (le marbre, toujours), autre petit village typiquement cycladique, avant d’arriver au très beau village de Marpissa. Le bus ne passe évidemment pas dans la partie ancienne, qui se découvre en hauteur, à partir de la place des Trois-Moulins. De nouveau ce même embrouillamini de venelles, de passages voutés, un labyrinthe blanc piqué du rose des bougainvilliers dont nous ne nous lassons pas. La concentration d’églises dans un si petit périmètre est impressionnante, on en croise parfois deux sur moins de cent mètres, toutes différentes, à dôme bleu, clocher de pierre, fronton ouvragé…

De Marmara, si vous souhaitez une alternative plus calme à Pounda et Golden Beach, vous pouvez vous rendre sur la très jolie plage de Molos, encore préservée des locations de transats et de parasols. Nous n’y croisons que des Grecs, couples d’amoureux ou familles avec enfants en bas-âge. Il faut dire que cette plage de sable est parfaite pour les bambins, elle descend en pente toute douce dans une mer transparente, sans un rocher. Le site est magnifique, bordé aux deux extrémités par une chapelle, et au Sud par un tout petit port de pêche. Passé 19h, vous êtes tout seuls (juin et septembre, of course).