Thessalonique pratique

En automne, Thessalonique enchaîne les rendez-vous internationaux (foires, festival de cinéma…) et accueille une foultitude d’événements culturels dans le cadre du Festival Dimitria. Autant dire que la ville ne manque pas de visiteurs et qu’il faudra bien caler votre séjour pour éviter les hôtels surchargés. Nous avions donc choisi à dessein une semaine creuse, pour négocier directement une chambre (je me répète, mais évitez vraiment de passer par Booking et consorts, vous paierez de toutes façons plus cher puisque la plate-forme se rémunère au passage. Les hôteliers préfèrent traiter directement avec les clients et s’arranger…). Comme nous restions sept nuits, nous avons pu nous loger dans une très belle chambre avec terrasse sur la mer (ah, les couchers de soleil sur le golfe de Thermaikos !!), pour un prix pas si fou que cela (Hôtel Daios*, un classique sur Nikis, très bien placé et avec un niveau de service vite addictif (je crois bien que la salle de bain était plus grande que mon premier studio parisien…) ! Petit-déjeuner de spécialités grecques succulent, staff souriant et aux petits soins, conseils personnalisés pour découvrir la ville, et organisation de déplacements vers les sites archéologiques de Macédoine. On en redemande…

Une fois votre sac posé, il faut appréhender cette ville dont le centre fut reconstruit après le grand incendie de 1917. De longues avenues tracent des parallèles au front de mer, coupées à angle droit par des perpendiculaires. Difficile de se perdre, même pour une inepte de l’orientation comme moi. Mon aiguillage personnel a en revanche déclaré forfait dans la ville haute, on y reviendra. Il n’y a pas vraiment de cœur historique à Thessalonique, contrairement à Athènes qui centralise autour de l’Acropole les grands sites à visiter. Toute la ville est digne d’intérêt, car si on lève la tête, on découvre dans ce méli-mélo de styles laissés par les Byzantins et les Ottomans, de pures merveilles. Alors on marche, beaucoup. Mieux vaut préparer le programme de chaque journée pour éviter de traverser la ville plusieurs fois. Car au-delà des distances étendues, le bruit de l’incessant trafic sur les trois voies en sens unique est vite épuisant. Les conducteurs de Thessalonique sont aussi dingues que ceux d’Athènes (mais qui leur a donné leur permis de conduire ???) et se garent n’importe où (carrément en triple file, bloquant les bus qui du coup font hurler leur klaxon). Toutes les voitures sont abîmées, éraflées, et la cohabitation avec les piétons se fait continuellement sur fond de vociférations. Il faut donc faire très attention quand on a souvent le nez en l’air et faire vite, car le temps imparti pour traverser les avenues ne dépasse pas les 15 secondes. Le métro étant toujours en projet (au mieux fin 2108 pour la première ligne – à chaque coup de pioche, une découverte archéologique, ça n’avance donc pas très vite depuis 2006), il reste les bus et les taxis. Pour vous déplacer en ville, le prix minimum d’un taxi est de 3,47 euros (Pourquoi 3,47 ?? On ne sait pas !). Bien pratique quand on va dîner à l’autre bout de la ville et que les mollets commencent à souffrir de la journée.

Pour remplir les estomacs qui crient famine après les kilomètres avalés, Thessalonique met la barre très haut. Comme je le mentionnais dans le post précédent, pas de bazars attrape-touristes, de plats « faussement typiques » pour allécher le chaland (non, pas de moussaka ni de pasticcio), de grattage de bouzouki et d’Enfants du Pirée ; ici on mange bien, et même plus. D’abord parce que les halles de Thessalonique font remonter des spécialités de toute la Grèce, et parce que la cuisine est bien mâtinée de spécialités d’Asie mineure. Nous avons procédé comme pour tous nos voyages – repas à l’heure grecque (14h30/15h pour le déjeuner, 22h30/23h pour le dîner) et repérage des lieux blindés de locaux – toujours gage de bons plans. Toutes les tavernes proposent des salades très élaborées, – on oublie ici la horiatiki –, où salé et sucré se mélangent (moi qui croyais que les Grecs détestaient cela), on les retrouve comme entrée sur toutes les tables. Les habitants de Thessalonique font non seulement du sport mais ils se nourrissent bien. Les jeunes en surpoids que l’on croise de plus en plus en Grèce sont très rares à Thessalonique. La majorité des tavernes ouvre leur carte avec une liste de fromages et de charcuterie de toute la Grèce, pratique pour retrouver les saveurs des voyages précédents (J-P s’est découvert une passion pour le metsovone fumé au four, tandis que je penche toujours pour le mastelo grillé…).

Tavernes améliorées

Marea Sea Spirit, Margariti Lori 13, un peu en retrait avant la Tour blanche. Resto de poissons et de fruits de mer, comme son nom l’indique, un peu haut de gamme, absolument délicieux. Vins à la hauteur, service soigné (parfait pour fêter un anniversaire de mariage !), carpaccio de bar, tartare d’écrevisses aux fruits de la passion, salade de crabe à la mangue, calmars grillés, pâtes aux homards…

Rodi kai Meli, Aigyptou 5, dans le quartier de Ladadika. Resto coquet dans une petite ruelle calme. Carte courte mais bien troussée par le chef qui sort de sa cuisine pour prendre la température de la salle. Pâtes faites maison, salades originales et très bons poissons. Seul lieu où j’ai tenté un dessert au top (soufflé au chocolat). Serveuse un peu dépassée qui oublie de vous rendre votre monnaie… mais la cuisine vaut le détour.

Restaurant de l’hôtel Daios (excellents cocktails au bar de l’hôtel). Un soir de grosse flemme, nous avons tenté sa table (des tablées entières de sexagénaires grecques font monter le niveau sonore). Bonne pioche, avec un bar aux épinards et au citron, et un filet mignon sauce bordelaise avec carottes au gingembre. Superbe ! Délicieuses mignardises avec le café, faites par le pâtissier de l’hôtel.

Tavernes dans les halles

Oui c’est un peu brut, surtout le bout de tripe qui pendouille…

le marché aux viandes rendrait n’importe qui végétarien…

Dia Tauta, 6-8 Vatikioti, dans un passage couvert entre le marché et la place Athonos. Bruyant, plein au point de rajouter des tables à 16 heures passées, typique, simple, pas cher et bon. Spécialité de viandes grillées et très bon poulpe selon J-P. Ambiance locale assurée !

Bazagiazi : l’entrée se fait sur Vasileos Irakleiou 35, mais l’ouzeri est bien dans le marché Modiano. Table des gens qui bossent pas loin – ouzo et cigarettes, Mythos et demi de blanc. Spécialité de poissons et de fruits de mer dans toutes leurs formes (marinés, salés, fumés, grillés, frits, en sauce, farcis…). Directement des étals dans votre assiette. Service sympa.

Tavernes

To Elleniko, Kallari 9, pas loin du Marea Sea Spirit. C’est une ouzeri et une épicerie qui ne désemplit pas. Table des gens du coin et des trentenaires en cravate. Longue liste de mezzés, de viandes et de poissons grillés. Bonne table de quartier dans un joli cadre.

Zythos, Katouni 5, dans le quartier de Ladadika. Nous nous y sommes arrêtés d’abord pour leur carte bien fournie en bières grecques, que l’on sirote au soleil en terrasse… et puis nous avons enchaîné avec un déjeuner léger, petite friture et salade. Carte plutôt simple de plats de viande, de pâtes et de mezzés où les Grecs s’attablent assidûment le dimanche. Á fréquenter davantage pour prendre un verre en regardant le temps passer.

Vassilikos, Aigyptou 5, également dans le quartier de Ladadika. Tout petit resto de quartier pratiqué par les étudiants. Carte très courte car les plats sont faits dans une toute petite cuisine et à la demande. Excellentes salades, bonnes crevettes saganaki et bon choix de fromages. Allez prendre une Vergina chez Zythos, et venez ensuite manger là ; on a testé et c’est bien !

 

Full tou mezé, Katouni 3, dans le quartier de Ladadika (Oui, encore ce quartier, notre préféré à Thessalonique, comme beaucoup de gens !) Une institution sur la place, pleine à craquer le week-end, – les garçons passent d’ailleurs leur temps à rajouter des tables. Ici aussi, cette épicerie est devenue une mezedopoleio. Longue carte de mezzés, de fromages… pas extrêmement fin mais une valeur sûre (recettes venues de Smyrne et de Macédoine pour certaines viandes).

Rouga, Karipi 28 (dans une toute petite ruelle très décorée, presque à l’angle de Dragoumi et d’Égnatia). Un gros coup de cœur. Bouyourdi et tarte fine au fenouil… que demander de plus ! Et quand j’ai retrouvé sur la carte des galettes de Sfakia (fines galettes crétoise fourrées de myzythra nappées de miel, j’ai su qu’on était au bon endroit ! J-P n’a pas tari d’éloges sur son octopus au citron, ses feuilles de vigne et sur son ouzo de Plomari (Barbayanni, of course !). C’est ultra-blindé le samedi soir (tables d’étudiants à rallonge) avec concert de bonne tenue.

* Hôtel Daios – 59, Nikis Avenue (entre la place Aristotelous et la Tour blanche)

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